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Je sais plus trop quand ça a commencé.
Je dirais, c’est quand j’ai entendu la musique par la fenêtre et que j’ai vu les gens danser en bas dans la rue. Certains pourraient dire que c’est quand j’ai subséquemment décidé d’aller prendre des photos des danseurs, danseuses, de la banda et des badauds. D’autres diraient, c’est quand, une fois la foule en un coin et quelques personnes sympathisées, une fille m’a approché, en costume traditionnel de Cholita (le costume de danseuse Cholita c’est une longue robe, un châle et un chapeau melon, pas tout à fait le même type de costume que les danseuses brésiliennes pendant le carnaval). Ce n’est que maintenant, après les faits, que je me rends compte du danger que j’ai couru, en ouvrant ma fenêtre pour mieux entendre les bruits de fanfare qui résonnaient dans la rue.
Quand je suis sorti de l’hôtel prendre des photos j’avais pas prévu de sortir plus d’un quart d’heure. Voir le défilé, prendre deux ou trois bonnes photos (ça veut dire une centaine de mauvaises) et retourner classer mes archives de mon voyage. C’était censé être un jour calme. J’ai entendu la fanfare dehors, j’ai pris mon appareil argentique et je suis sorti. Normal quoi. Le portier de l’hôtel, 4 ans, me dit même « mucha baila« , je ne peux qu’abonder dans son sens. Je prends deux ou trois photos, je vais acheter un film (agfachrome 100 iso, 18 bolivianos un film (2,25 euros) j’en prends deux en fait, mais c’est des films Mitsubishi avec une étiquette Agfachrome), je prends deux ou trois autres photos puis commence à discuter avec un bolivien en costume de danse on s’entend bien puis je bois des coups il est juste trois heures et j’ai rien dans l’estomac, et je bois des coups avec un argentin et un colombien qui sont les meilleurs amis du monde et qui me proposent de la coke, j’ai déjà des saignements de nez sans, donc je dis non, quand même. On mélange pas allergies et plaisir. À part quand je me lancerai dans l’horticulture.
Toujours est-il qu’à trois heures environ de l’après midi, après n’avoir pas déjeuné (parfois un bon ptidèj fait l’affaire), deux bières et un pepsi dans le ventre pour toute nourriture solide, et un shot d’alcool pas nommé (y’avait pas d’étiquette mais on suçait un citron après le shot), plus quelques photos plus ou moins bien prises, j’étais frais. Je commençais à me sentir bien. Une des danseuses m’a abordé, elle fait partie d’une banda de baila de morenada, qu’elle est cholita et elle participe au festival du gran poder, où il faut danser environ 8h de suite dans les rues en pente de La Paz. Et son frère aussi. Et des gens (avec qui j’ai pris des verres) me parlent de tout ça. Evidemment, je vais avec eux pour faire la fête. Ils vont dans une salle des fête comme il y en a partout à La Paz, enfin, une salle d’événement sociaux, et je suis le frère et la vieille dame en chapeau melon qui s’avère être la maman de la fille, et on passe une bonne soirée.
La preuve que c’était une bonne soirée, c’est que la nourriture coulait à flots, mais pas la boisson (ils m’ont demandé par deux fois d’acheter une caisse de bière, ce que j’ai fait, à 12 euros les 12 litres ça allait (et merci au microsponsor du 26/6). Elle m’a présenté à ses parents. Puis à ses frères. Puis à ses soeurs. Puis à ses voisins. Puis son père m’a pris à l’écart pour me dire qu’elle est célibataire, sa fille. Je veux bien je lui dis, mais j’ai déjà une copine à l’autre bout du monde et je monte toute une histoire, parce que je sens que c’est un peu louche tout ça.
On boit encore plus d’alcool, et on me dit que c’est une coutume Bolivienne de boire. J’ai vu un douanier laotien tituber, la jeunesse chinoise maoïste bourrée, des citoyens des USA enfiler shot sur shot et aussi des philippins ayant bu beaucoup d’alcool, je peux dire (sans être sociologue) que l’alcool joue un rôle prépondérant dans la plupart des sociétés du monde. Et j’ajouterais, dans toute les société qui l’ont découvert (sauf chez les mormons mais ils ont plusieurs femmes, ça doit compenser je suppose).
Et, alcool et musique aidant, on danse et on danse, c’est rigolo de danser avec cette fille que je ne connais pas, des danses dont je ne sais pas les pas, sous les regards amusés et peut-être un peu jaloux de sud-américains moustachus aux cheveux brillants et aux dents qui manquent parfois. Un des frères me demande si je suis tanguero, j’y dis que j’ai essayé une fois, mais que j’attendrai de revenir à Buenos Aires pour re-tenter. Ma nouvelle amie la danseuse, qui s’appelle Monica, elle vient de me le dire, me prend mon appareil et le confie à sa mère, qui le garde pour que je ne me le fasse pas voler. Quelle charmante attention! Si je veux partir, maintenant, il faut que je demande à la mère… C’est un si joli piège qui se referme autour de moi! Et le père qui me prend à part pour me dire que sa fille est célibataire, et puis quelle chance pour lui de rencontrer un étranger qui danse si bien avec elle (je danse n’importe comment, mais avec de l’énergie), et la soirée se déroule sur le même plan : on danse, on s’assoit et on boit des verres, on mange un brin (généralement une sopa avec de la viande et des patates au jus, parfois accompagnées d’une ou deux patate noires, des patates sèches qu’ils me disent), le père me parle de sa fille, la mère me regarde en souriant et en hochant la tête, et on retourne danser parce que l’orchestre a fini de manger.
À la fin, le père m’invitait à aller dormir chez la famille et je me doutais bien de l’arrangement qui serait fait au niveau des lits, la mère se faisait plus insistante dans ses hochements de tête, les frères et soeurs apparaissaient en plus grand nombre, et la Monica, elle, se montrait plus sentimentale, à vouloir me prendre par la main partout où elle allait.
Je ne suis pas du genre à refuser quand quelqu’un m’invite chez lui, surtout quand c’est une fille. Mais lorsque toute la famille de ladite fille se montre insistante (et que les frères ajoutes des clin d’oeil entendus), je me fais plus circonspect. Dans ce cas là, je pouvais me rendre compte qu’ils ne m’invitaient pas pour une nuit, mais bien pour plus longtemps. Ils m’auraient bien invité à un mariage, tiens, celui qu’ils auraient célébré entre la Monica et moi.
Il était minuit passé et j’avais commencé à boire à trois heures. En ajoutant la fatigue de quelques heures de danse, je me disais qu’il faudrait que je rentre avant que mes facultés ne deviennent trop brouillées. Un problème se posait à moi, la question de l’appareil photo, caché sous le pull et je ne sais quels autres vêtements de la mère depuis que mon amie sa fille le lui avait confié. Il m’a juste suffi de lui dire que j’en avais besoin pour prendre des photos (avec du 100iso? à cette heure ci? hahaha), et de m’adresser à elle en lui disant mami. En répétant plusieurs fois la question, parce que ma bouche prononçait mal ou ses oreilles étaient bourrées. Finalement, j’ai pu récupérer mon appareil, et filer à l’anglaise.
Le reste de la nuit n’a pas été aussi passionnant, je suis rentré à l’hôtel malgré les conseils répétés de la fille, qui disait que je ferais mieux de dormir chez elle et que je me ferais voler agresser avant d’arriver à l’hôtel, mais je savais que l’hôtel était à une rue d’écart et que ça irait. En effet, ça est allé, j’ai un peu dormi après avoir raconté mon histoire au portier de l’hôtel (17 ans), mais juste en trois phrases parce que ma maîtrise de l’espagnol en étant bourré est beaucoup plus limitée que la normale. Et puis j’ai été malade au réveil mais après ça est allé mieux.
Le lendemain, un dimanche, j’ai à nouveau entendu de la musique dans la rue, de la fanfare, et des danseuses. Mais j’ai préféré laisser sa chance à un autre touriste, de passer une bonne soirée à danser, à payer des bières à toute une famille bolivienne et à éviter de se faire épouser. Et j’ai fermé ma fenêtre.
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génial!
Ton histoire m’a bien fais rire :)
profite bien de ton séjour l’ami !
Comment by ignacio — 1 juil. 2010 @ 00:33
Tu parles d’une histoire ! Et j’imagine qu’en plus, ce ne doit pas être super facile de se sortir de e gnere de situation, histoire de ne pas froisser personne. ton histoire m’a fait marrer :)
Comment by Kerlu — 1 juil. 2010 @ 00:52
Franchement, quelle belle situation tu aurais eu… vivre a la paz, t’exiler dans les belles campagnes boliviennes, prendre un ventre bien dodu, avoir pleins d’enfants chapeau melon… et dire que tu as loupe tout ca…
Comment by sarah — 1 juil. 2010 @ 03:59
Wow, excellente histoire, très tendue et très drôle quand même ! Content que tu t’en sois tiré, en espérant que toute la famille de la donzelle ne soit pas en train d’arpenter la ville à ta recherche.
N’empêche, un truc comme ça me serait jamais arrivé, juste parce que je serais même pas allé danser au début. De l’intérêt d’être un gros naze associal (hey, faut bien trouver quelques avantages ;))
Comment by Nimwendil — 1 juil. 2010 @ 09:01
C’est juste dingue comme histoire ! Si ce n’était pas toi qui la raconte j’aurais traité l’auteur de mytho !
Comment by vi — 1 juil. 2010 @ 11:08
Très chouette récit! On y est. Bien marrant à lire, peut-être un peu moins à vivre… Je sais pas si tu connais mais ton histoire ressemble à un roman de douglas kennedy, piège nuptial, que je te conseille fortement. Des bises, cousin
Comment by Mica — 1 juil. 2010 @ 17:44
Alors, comme ça, tu t’es joué de la Monica… Serais-tu de Baumugnes ?
Comment by P'pa — 3 juil. 2010 @ 16:32
c’est une drôle et excellente histoire, bestseller à planifier!
ricardo
Comment by Bellott ricardo — 6 juil. 2010 @ 15:36
Ta façon de raconter ça est génial X) j’espère aussi que la famille s’est faite a l’idée que la Monica restera seule encore un ptit moment.
Comment by BG — 9 juil. 2010 @ 04:04
tes parents auraient été contents : deux mariages dans l’année !…. :)
Super marrante ton histoire, et elle était mignonne au moins ta Monica ? Quel tombeur tu fais !
Comment by Bergère — 15 juil. 2010 @ 10:11
Et les photos en 100 ISO de la soirée … Y en a des visibles ??? ;-)
Bon, j’ai encore bien rigolé tout seul sur mon canapé avec ma femme qui me regarde tristement !
Comment by Alban — 17 juil. 2010 @ 23:06
Fabuleuse histoire, je dévore ton blog depuis plusieurs heures et je me sens obligé de commenter ce post ci tellement l’histoire est drôle (à lire) et bien racontée :)
Et vu que j’envisage de partir bientôt faire un tour du monde, ça me motive d’autant plus de lire de si chouettes récits !!
Comment by Vincent — 16 août 2010 @ 16:07