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Il y a quelque chose de sauvagement libérateur dans le vélo en montagne en écoutant du Philip Glass. Ça vient au fur et à mesure du rythme lancinant qui ne semble pas évoluer et qui décide de la vitesse du pédalage, des nappes de mélodies qui se relaient comme les montées et les descentes… Le sable sur la route vient freiner le vélo et la clarinette introduit à cet instant une nouvelle rythmique, le ciel, énorme, suspendu au dessus de moi et le soleil dans la face, la montagne déchiquetée, qui laisse place à une plaine faussement plane ou à une dune habitée seulement par des bourrasques, la route qui suit un amphithéâtre et sur le bord les sculptures naturelles façonnées par le vent et l’absence totale d’eau ou de végétation. C’est au coeur du désert, et la musique brusque et fluctuante de Glass paraît étrangement faire partie du paysage.
Et puis vient le temps où le vélo ne peut aller plus loin, mes jambes crient repos et le soleil n’en a plus pour longtemps. La musique est achevée, je souffle un peu puis je la remets, monte le long de la dune et je suis le chemin emprunté trop rarement par les touristes, pour me retrouver tout au bout de la crête, à l’endroit où la montagne va se jeter dans la plaine, puis dans le désert. Les reliefs accrochent les rayons du soleil, les ombres sont longues, le vent commence à faire monter quelques nuages derrière l’horizon et la lune, au zénith, se prépare pour la nuit.
C’est le moment de s’asseoir sur le dernier rocher avant le précipice, boire un peu de jus trop sucré et suçoter un bonbon à la coca en laissant le temps couler sur les flancs caillouteux de la vallée. Au dessus de moi, le ciel est coupé en deux par la traînée d’un avion et je laisse voyager mes pensées.
Et puis Philip Glass plaque ses derniers accords, la Cordillère des Andes prend une teinte rosée et se fond progressivement dans le mauve de la nuit qui tombe, le soleil n’est déjà plus là et le vent se fait froid.
On dit que le silence qui suit une pièce de Mozart est encore du Mozart. Glass, je pense, a passé plus de temps à composer le silence qui suit sa musique, que pour la musique elle-même. Ou alors le désert me joue encore un tour… Je suis engoncé dans l’obscurité, le vélo me porte sans que je n’aie à forcer, je redescends de la montagne. Scintillant au loin, le village de San Pedro n’est qu’une constellation parmi d’autres.
Dans ma tête j’entends encore la musique, lancinante et toujours mouvante, qui tombe et remonte en même temps que le vélo sur la route sinueuse, les camions me doublent dans une grande harmonie des cuivres et le courant d’air de leur sillage me font penser que je m’envole. La montagne n’est plus autour de moi, perdue dans l’obscurité, mais le paysage se bat toujours, encore, par habitude ou par dépit de n’avoir pas été assez fort pour me repousser. J’arrive enfin dans les petites rues bordées d’adobe, les touristes et les chiens errants, les locaux Atacameños ou d’autre part qui vivent ici au milieu du désert, et qui ne se doutent pas que l’ombre qui traverse la ville comme un courant d’air ramène avec lui la montagne ; plein de graines de montagnes dans ses chaussures.
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jolies couleurs ;-)
Comment by Alban — 18 juin 2010 @ 20:48
Tu veux donc nous faire mourir ? Mozart sera toujours Mozart…
Comment by P'pa — 18 juin 2010 @ 21:07
D’habitude je ne commente pas, je me contente de me repaître de tes mots et clichés, mais là avec du Glass et une palette de couleurs pareille pour le ciel, je ne peux que m’exclamer : c’est géant !
Comment by Violette Bleue — 18 juin 2010 @ 21:27
Pas d’autres mots que : Magnifique et grandiose. Bonne continuation !
Comment by ranjiva — 18 juin 2010 @ 22:09
J’avais l’impression d’y être… merci…
Comment by lodie — 18 juin 2010 @ 22:44
Même si j’y vais souvent; elles sont bien belles tes photos Joachim; la lune elle est petite…(photo mystique) Hahaha… Bonne chance dans la continuation et a bientôt peut-être
Comment by Nathalie Guay — 19 juin 2010 @ 00:13
WOW ! toutes superbes, mais celle du panneau est vraiment excellente !
Comment by JoNi — 19 juin 2010 @ 14:05
Cet article fait sans doute partie des plus beaux que tu as écris ! Magnifique récit, superbes photos.
Bravo et merci !
Comment by Pierre — 19 juin 2010 @ 14:34
Toutes en couleur!!!
Je suis super contente: c’est magique pour mes yeux. BRAVO JOJO!
Comment by Tiziana — 19 juin 2010 @ 22:28
Je n’aurai pas du regarder les photos, les images offertes par le texte étaient encore plus belles.
Magnifique post
Comment by Naga_ — 21 juin 2010 @ 05:14
Bon à défaut de montagne et de désert, je vais m’écouter un peu de Philipe Glass (mais tranquille dans le jardin parce que j’ai toujours pas réparé mon vélo)
Tes photos sont magnifiques !
Comment by vi — 23 juin 2010 @ 18:53
Pareil que Lodie..
Un moment d’évasion dans ma journée.
Comment by Ludo — 24 juin 2010 @ 14:45
A peine s’il était nécessaire d’ajouter des photos après de si jolis mots !….
Comment by Bergère — 25 juin 2010 @ 17:52
Superbe traitement (et photos) ! Bravo Joachim
Comment by David — 6 juil. 2010 @ 12:30
Merci de nous faire voyager à travers tes photos. C’est juste magnifique et ca nous donne tellement l’envie d’aller voir ailleurs, de lacher un peu notre quotidien.
Bonne contiuation pour tes voyages :).
Comment by Charlotte — 10 juil. 2010 @ 21:11